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Les Juristes médiévaux italiens et la comptabilité commerciale avant sa formalisation en partie double de 1494

01 octobre 2011
Auteurs
Numéros de page :
31 p. / p. 781-810
La comptabilité du Moyen Age est surtout connue à travers des collections de livres de comptes datant de cette époque, qui, pour la plupart, ont fait l'objet de nombreux commentaires depuis près d'un siècle. A côté de ce corpus documentaire, la riche littérature médiévale d'expression latine contient aussi de très abondantes analyses sur la tenue de ces registres. Les juristes d'alors n'ont pas rédigé de manuel spécifique sur l'art de tenir les livres de comptes ou sur un droit qui leur aurait été particulier. En revanche, leurs innombrables recommandations sont éparses et contenues dans des manuscrits très variés et parfois devenus rares. Toutefois, ces sources sont suffisamment significatives pour essayer de les limiter à celles antérieures à 1494, c'est-à-dire à la célèbre formalisation de la comptabilité en partie double établie par Luca Pacioli. A partir de cette documentation que les historiens de la comptabilité ont encore peu exploitée, on peut essayer d'identifier une éventuelle influence de la technique en partie double. Face une performante tenue des livres de comptes, un embarras certain s'est dégagé parmi les juristes médiévaux, étrangers au monde des chiffres et à celui du commerce. La tenue des livres de comptes a impressionné ces intellectuels au point de les inciter à justifier son origine, à établir ses règles, à définir sa valeur juridique et à instituer une procédure contentieuse concernant ces registres. Le seul modèle de référence des juristes médiévaux étant celui de l'Antiquité romaine, le droit romain leur sert de base pour réfléchir sur la technique comptable qu'ils observaient. Ils utilisent à la fois leurs propres observations de la pratique et le droit romain afin de légitimer les usages des marchands contemporains pour mesurer, enregistrer et mémoriser leurs flux d'échanges.