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Traces ? Quelles traces ? Réflexions pour une histoire non passéiste

01 octobre 2016
Numéros de page :
56 p. / p. 813-868
La définition de l'histoire comme « connaissance par traces » constitue l'une des évidences les mieux enracinées dans les représentations des historiens, quelle que soit l'épistémologie dont ils se réclament. C'est d'une part à la généalogie de cette évidence que se consacre cet article, qui montre que la référence à la trace est strictement contemporaine de la formation de la science historique à partir du milieu du XVIIIe siècle (bien qu'elle ne soit théorisée que tardivement, à la fin du XXe siècle, comme une sorte d'indice), mais aussi que la valeur sémantique de la trace est systématiquement réduite à l'empreinte plutôt qu'à la piste. L'article examine donc ensuite les implications logiques de cette conception de la trace historique comme une empreinte, qui fonctionne pour l'historien comme la figure spéculaire, à la fois épiphanique et mimétique, d'une réalité disparue, le passé - comme si l'histoire n'était qu'une technique de « résurrection du passé ». Pour finir, l'article soulève le problème de l'objet classiquement (malgré l'opposition de maints historiens) attribué à l'histoire, le passé - et fait l'hypothèse que c'est précisément la théorie implicite de la « connaissance par traces » et la réduction de la trace à l'empreinte qui interdisent vraiment à l'historien de sortir du rôle traditionnel de l'histoire comme commémoration du passé.