Jean-Luc Godard et la critique des temps de l'histoire
Bulletin : Vingtième siècle 117 - janvier 2013
01 janvier 2013
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16 p. / p. 149-164
Dans le cinéma de Jean-Luc Godard, qui s'est longtemps présenté comme celui du présent, du contemporain par excellence, pointant les signes et les modes de l'actualité, une faille s'est peu à peu ouverte, donnant sur le passé. Le cinéma et la psyché créatrice de Godard se sont engouffrés là, depuis les années 1980, au cours desquelles l'artiste ne cessera de penser « la mort du cinéma ». Ainsi, le passé ne cesse désormais de surgir et ressurgir dans les films godardiens, traces de sa propre histoire dans le siècle, de l'enfant et du jeune homme qu'il fut, mais également projet cinématographique de forte ambition. Ce sont les « Histoire(s) du cinéma » qui occupent cette place : elles transforment Godard en historien, étrange certes, et le font oeuvrer sur la matière même de la mémoire représentée, celle de la guerre et de l'extermination, des totalitarismes et des dévoiements du capitalisme, des guerres récentes et des renoncements du cinéma.