La construction européenne s'est faite, depuis la création de la Communauté économique européenne en 1957, essentiellement grâce à la coopération franco-allemande et à la capacité de ces deux pays à surmonter leurs divergences pour faire progresser l'intégration économique et politique du continent. Mais cette ″coopération exemplaire″ semble toucher ses limites dans le contexte actuel de crise et de surendettement des Etats en Europe. Car l'Allemagne, qui a fait des sacrifices pour surmonter le coût de la réunification dans les années 1990, entend bien que les Etats européens aujourd'hui surendettés fassent de même pour ne pas entraîner tout l'édifice européen dans leur (éventuelle) chute. La France, peu tentée par la conception budgétaire qu'a son voisin rhénan de l'Union, préférerait l'option d'une ″gouvernance économique″ européenne gardant la part belle à l'intergouvernemental. Mais sa situation économique et budgétaire, bien plus dégradée que celle de l'Allemagne, ne la met guère en position de force et, il y a fort à parier que l'Union ne pourra se sortir de l'impasse économique et politique dans laquelle elle se trouve que par une évolution fédéraliste inspirée du modèle rhénan.