En 2009 a été lancé, en France, un programme copiloté par la Mission prospective du ministère de l'Ecologie et l'ADEME : ″Repenser les villes dans une société postcarbone″, dont les travaux sont encore en cours en vue d'un rapport final prévu en 2013. L'idée d'une transition vers une société ″postcarbone″ comprend quatre objectifs principaux : une division par quatre d'ici à 2050, par rapport à 1990, des émissions de gaz à effet de serre, une quasi-autonomie à l'égard des énergies carbonées (pétrole, gaz, charbon), une capacité suffisante d'adaptation aux changements climatiques et, enfin, une attention plus grande aux situations de précarité énergétique. Dans le cadre du dossier que ″Futuribles″ consacre, ce mois-ci, à ce programme, Andreas Huber, Sébastien Girard et Pierre Le Marre exposent, dans cet article, les résultats des travaux qu'ils ont menés sur les ″milieux urbains durables″. Après une présentation de la notion de milieu (reposant ici sur une segmentation selon la méthode des ″Socio-milieux″) et de la typologie retenue (neuf milieux sociaux principaux, trois milieux émergents et 16 profils contrastés), les auteurs montrent combien varie l'empreinte carbone des individus, selon les modes de vie, et combien ceux-ci sont déterminants dans les domaines de l'habitat et des transports. Ils précisent ensuite les divers facteurs influençant les comportements dans le sens d'une consommation durable (ou non) et les différents types de stratégies d'intervention susceptibles d'infléchir ces comportements ; ils détaillent enfin deux stratégies ciblées, l'une sur le milieu ″précaire âgé″ et l'autre sur le milieu ″éco-élite″. En dépit de certaines imperfections restant à traiter dans l'étude des milieux urbains durables, ces travaux ouvrent de nouvelles perspectives pour l'élaboration de politiques sociologiquement ciblées en vue d'une transition postcarbone.