"De la démocratie génétiquement modifiée"
Bulletin : Futuribles 396 - septembre 2013
01 septembre 2013
Auteurs
Numéros de page :
9 p. / p. 63-71
« Futuribles » a plusieurs fois fait écho à des analyses fouillées portant sur certains discours en lien avec la science et la technologie, et l'instrumentalisation qui peut en être faite. Ainsi Antonin Pottier présentait-il dans ces colonnes, fin 2011 (no 380), une analyse du discours climato-sceptique et de la façon dont celui-ci s'articulait pour permettre à ses artisans de défendre des intérêts sans lien direct avec la réalité scientifique du réchauffement climatique. De même, Pierre-Benoit Joly montrait-il comment certaines grandes entreprises s'y prenaient pour instrumentaliser les discours et les normes réglementaires en lien avec le développement durable, afin de légitimer certaines voies de recherche contestées (no 383). Dans le présent article, Alexandre Moatti s'intéresse pour sa part au discours de certains mouvements d'ultragauche à l'égard de la science et du progrès technique. Il montre ainsi comment ces groupuscules, ayant fait de la science leur nouvel ennemi (à l'instar sinon à la place du capitalisme économique), développent une idéologie très hostile à la science - perçue comme une cause d'asservissement des consciences -, induisant une relecture de l'Histoire pour le moins contestable. Cette vision très négative de la science et du progrès n'est pas nouvelle : il y a toujours eu et il y aura sans doute toujours des mouvements rétifs à l'égard du progrès scientifique, qui permettent aussi de discuter, sur le fond, des vertus et limites de ce progrès - et il le faut. Mais l'écho médiatique, accompagné d'une certaine bienveillance de l'opinion, dont bénéficient divers types d'actions menées par cette mouvance, incite à regarder de plus près le discours qu'elle promeut et, sans doute, à faire preuve d'une certaine vigilance.