La Société hyperindustrielle et ses territoires
Bulletin : Futuribles 409 - novembre 2015
01 novembre 2015
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Numéros de page :
14 p. / p. 5-18
Selon de nombreux observateurs, et ce depuis maintenant plus de 30 ans, les pays dits industrialisés s'acheminent tous, à plus ou moins long terme, vers une société postindustrielle dons laquelle les activités de service sont amenées à supplanter les activités de production. Pourtant, comme le montre ici Pierre Veltz, là n'est peut-être pas la voie d'avenir : à ceux qui pensaient l'industrie vouée aux gémonies, supplantée par le tertiaire, Pierre Veltz oppose l'émergence d'un modèle hyperindustriel, consistant à allier production industrielle et activités de service, grâce notamment au numérique et à une organisation en réseau. Après avoir rappelé l'évolution sur longue période du monde industriel (où le leadership des pays occidentaux est somme toute récent), Pierre Veltz présente la nouvelle question industrielle sous quatre ongles : le temps et l'espace (un monde de pôles et réseaux, et des entreprises entre hyperdistribution et hyperconcentration) ; les sources de la performance (montée des rapports transactionnels mais nécessité de relations interpersonnelles et de confiance) ; les formes de la concurrence (rôle croissant des coûts fixes et investissements dans la conception, l'accès aux réseaux, les infrastructures...) ; et les modalités d'organisation (recours croissant à des équipes-projet et aux prestations de services). L'émergence d'une telle société hyperindustrielle constitue une opportunité pour la France si elle se donne les moyens de l'intégrer en tenant compte des risques et ambivalences qui lui sont inhérents, à savoir : le risque d'hyperpolarisation entre des centres de décision et de production performants, et des territoires plus spécialisés et sous-traitants ; et celui d'une remise en cause du salariat avec un affaiblissement des protections dans le travail. Mais en ces domaines, la France (comme l'Europe) paraît mieux armée que ses concurrents américains et asiatiques, selon Pierre Veltz