Depuis une dizaine d'années, de nombreux cinéastes latino-américains ont réalisé des films produits grâce à des sources de financement européennes et montrés ensuite dans divers festivals à travers le monde. Certains ont bénéficié d'une diffusion internationale. Ces fonds ont attiré l'attention sur des réalisatrices récipiendaires d'aide à la production (et souvent la postproduction) dont la Péruvienne Claudia Llosa, les Argentines Lucia Puenzo, Lucrecia Martel et Celina Murga, la Paraguayenne Paz Encina, la Chilienne Dominga Sotomayor et la Mexicaine Yulene Olaizola, entre autres. Tout ceci crée un étonnant scénario dans lequel l'Europe joue un rôle déterminant en contribuant à la création d'un boom dans la réalisation latino-américaine au féminin. Ce phénomène soulève de nombreuses questions intéressantes et rejoint d'autres débats sur les subventions européennes en faveur du world cinema. S'agit-il d'une forme d'intervention européenne et néo-coloniale dans la production culturelle de pays moins développés ? L'Europe chercherait-elle à offrir au monde un flot d'imageries exotiques pour son divertissement ? Faut-il célébrer ces sources européennes permettant la production de films importants qui, sans elles, soit ne verraient pas le jour, soit seraient tournés avec des budgets beaucoup plus modestes et ne connaîtraient donc pas une aussi grande visibilité ?