A s'en tenir au corpus de ces deux cent quarante-trois lettres - très bien traduites - échangées entre Rank et Freud entre juin 1907 (ils se sont connus en 1905, par l'intermédiaire d'Alfred Adler) et mai 1927, date après laquelle ils ne se reverront plus, à lire, même attentivement, celles des quatre dernières années, porteuses de désaccords théoriques qui vont jusqu'à détruire la relation affective entre les deux hommes, on court un risque : celui de mal saisir la différence, mais aussi l'interférence, entre ce que Rank appelle non sans justesse une fiction (celle que constitue le "Mouvement", cette Internationale que Lacan qualifiera d'Eglise, qui ne cessera d'émousser le tranchant de la découverte freudienne pour laisser un champ toujours plus libre aux querelles et aux déchirements) et des hommes qui n'ont rien de fictif.