Le corps des femmes est le terrain d'une guerre menée depuis des siècles, au-delà des distinctions ethniques ou religieuses. Sana revient de cette guerre, comme toutes ces autres, toujours plus nombreuses, qui arrivent seules et demandent l'asile pour être protégées du mariage forcé, des violences ou encore soustraire leurs filles à l'excision. Sana et elles sont bien loin de la femme rurale analphabète des années 1960 et confinée à la sphère domestique. Ces femmes seules sont pour la plupart éduquées et en rupture avec leur société d'origine. Enfants illégitimes ou rejetées, ainées orphelines qui partent pour faire vivre leurs fratries, ou encore privilégiées confiées, à la mort de leurs parents, à des oncles qui les enferment dans un modèle oppressif dont elles ne veulent pas. D'autres, comme Sana, sont simplement des filles qui ont dit non. La route de Sana s'étend sur sept pays et plus de sept mille kilomètres. Son histoire est aussi terrifiante que lumineuse. Elle nous chuchote que les demandeurs d'asile qui arrivent jusqu'à nous sont peut-être les meilleurs défenseurs de nos valeurs.