L’évolution de la profession de psychologue apparaît fort problématique au regard des théories qui se sont fait jour ces dernières décennies quant à la prise en compte du milieu dans la compréhension des souffrances humaines et des politiques de santé publique. Aux modèles intrapsychiques, qui pouvaient caractériser l’approche psychanalytique du siècle dernier – le mouvement psychanalytique offre depuis diverses écoles, dont certaines mettent l’accent sur le traumatisme, l’archaïque et la prise en compte du milieu à l’instar, entre autres, de Paul-Claude Racamier (1992) et de sa conception de la topique interactive (voir aussi Hurni, Stoll, 2002) –, se sont développés les modèles systémiques. Le comportementalisme s’est également grandement développé, donnant lieu à l’essor du cognitivisme. Cette évolution, bien que grandement schématique, met pour autant en lumière le questionnement d’Hannah Arendt quant à la manière de concevoir ce qui fait notre humanité, et la manière de la traiter, si j’ose dire, au regard du contexte politique. Faut-il adapter, « rééduquer », la personne à une société qui se déshumaniserait ou faut-il développer sa sensibilité à autrui ? Se pose, dès lors, notre propre rapport à l’altérité, incitant à redécouvrir la phénoménologie.