Aller au contenu principal

Yuk Hui, reconstruire une pensée de la technique

01 novembre 2023
Numéros de page :
pp.86-88
Né en Chine, Yuk Hui a grandi à Hong Kong où il a fait des études d'informatique avant de partir étudier la philosophie en Europe, notamment au Goldsmiths College de Londres où il rédige sa thèse de doctorat sous la direction de Bernard Stiegler. Dès le début, il interroge la place de la technique dans nos sociétés contemporaines et explore les rapports entre l'homme et la machine tout en en retraçant l'histoire de façon critique. En dépassant la pensée d'André Leroi-Gourhan, qui définit la technique comme libération des organes et extériorisation de la mémoire, il cherche à démontrer qu'elle représente une part fondamentale de notre culture et de notre façon d'être au monde. À ce titre, il défend l'idée d'une pluralité des conceptions de la technique pensée sur le mode du vivant, en opposition à l'idée de son universalité qui a prévalu jusqu'à présent. li développe sa propre réflexion à partir des idées des philosophes de la technique comme Martin Heidegger et Gilbert Simondon, ainsi que des penseurs idéalistes allemands comme Friedrich Schelling. Aujourd'hui, Yuk Hui a publié quatre ouvrages dont l'un, "La Question de la technique en Chine : essai de cosmotechnique" est paru en France en 2021 aux éditions Divergences. Avec la notion de cosmotechnique, Yuk Hui décrit les liens ontologiques et épistémiques qui relient la cosmologie et la technologie, envisagées dans des interactions réciproques. Dans "Recursivity and Contingency" (2019), il analyse le rapport de la philosophie et de la cybernétique, notamment autour de la notion de 'feedback' (rétroaction). Enfin, entre la mort annoncée de la philosophie par Heidegger et celle de l'art par Hegel, "Art and Cosmotechnics" (2021) offre une réflexion sur l'expérience artistique comme renouvellement de notre rapport à la technologie.