D'une idée, d'un mot, Camille Lavaud Benito conçoit une image. De cette image, elle compose une affiche de film fictif. De cette affiche, sur laquelle elle a méticuleusement placé son décor, ses personnages, les noms des actrices, acteurs et techniciens, elle s'entoure pour imaginer la bande-annonce d'un supposé film - produit par une maison imaginaire elle aussi -qui prendra bientôt des chemins de traverse pour devenir une bande dessinée. Et de cette bande dessinée... Qui sait ? Si elle dit « perpétuellement penser le dessin figé en animé », la lauréate du Fauve révélation au Festival d'Angoulême 2022 pour "La Vie souterraine" (Les Requins Marteaux) aime avoir une vue d'ensemble sur le monde qu'elle nourrit, qui correspond au monde qui l'a nourrie et qu'elle se plaît à creuser sans cesse, pour peu que d'autres vestiges, que d'autres légendes s'y cachent encore. Ce monde en soi et à part est commun et irréel, sombre et féerique, historique et musical. En attendant la parution des Silencieux en octobre prochain, deuxième acte d'une trilogie initiée avec "La Vie souterraine", Camille Lavaud Benito s'illustre à travers un journal qu'elle a savamment intitulé "Détection". Détecter, soit découvrir pour mieux révéler. La métaphore lui sied à merveille.