Simon Weisse par le menu
Bulletin : Cahiers du cinéma avril 2024
01 avril 2024
Auteurs
Numéros de page :
pp.92-96
Tout contre une folie des grandeurs numérique qui n'en finit plus de s'essouffler, certains stakhanovistes du fait-main fabriquent d'abord les rêves en petit pour mieux les regarder sur grand écran. Simon Weisse, invité en février au PIDS, le festival des effets spéciaux d'Enghien-les Bains, est l'un d'eux. Les réalisations de ce bricoleur aux multiples casquettes balayent les échelles de taille et de vraisemblance, du faux instrument de médecine d'époque aux rues miniatures d'une ville imaginaire. Rompant avec une idée gigantiste du faste hollywoodien, Weisse réinvente une autre forme de démesure artistique et économique, puisant sans doute dans la denrée la plus rare de l'industrie du cinéma aujourd'hui : le temps. Ce luxe du détail, fruit d'un travail de longue haleine, lui permet d'attacher aux accessoires et aux décors miniatures qu'il construit avec son équipe la patine de merveilleux qui donnera un théâtre aux fables de Wes Anderson, dont il est le collaborateur régulier depuis The Grand Budapest Hotel.