À l’heure où certains scientifiques mettent en cause l’évidence du progrès technique et s’engagent dans un dialogue avec la société, les ingénieurs demeurent faiblement mobilisés et peinent à revendiquer des valeurs qui leur soient propres. De quelle éthique personnelle, professionnelle ou sociale pourraient-ils se réclamer pour légitimer une éventuelle intervention dans le champ sociopolitique ? À quel socle de valeurs pourraient-ils se référer ? Si l’éthique de l’ingénieur reste à définir par les ingénieurs eux-mêmes, cet ouvrage propose néanmoins d’en établir l’urgente nécessité et d’en présenter les principaux enjeux. Les auteures identifient les problèmes éthiques qui se posent concrètement aux ingénieurs en éclairant leur complexité par une multiplicité de champs disciplinaires : l’économie de la gouvernance des entreprises, l’histoire et la philosophie des sciences et des techniques, mais également l’histoire et la philosophie de l’environnement et de la nature. Vulnérables individuellement du fait de leur soumission aux injonctions des entreprises, mais forts collectivement du fait de la puissance d’intervention des techniques qu’ils conçoivent, les ingénieurs devraient élargir le champ d’analyse des questions qu’ils ont à traiter pour prendre en charge ce paradoxe et décider collectivement de son issue.