Jean-Luc Godard, le cinéma et la vie
Bulletin : Études 4298
01 novembre 2022
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Numéros de page :
pp.91-98
La mort de Jean-Luc Godard, ce 13 septembre 2022, est un séisme pour le cinéma. Pionnier de la Nouvelle Vague avec François Truffaut, Éric Rohmer, Claude Chabrol et Jacques Rivette, il était l’un des derniers symboles vivants de l’entrée du septième art dans la modernité. Quelques mois après "Les quatre cents coups" de Truffaut (1959) sort "À Bout de souffle" de Godard (1960) qui dynamite les codes du cinéma classique au nom d’une représentation plus proche de la vie contemporaine. L’art provocateur de Godard aspire en effet à un cinéma vérité, capable de saisir poétiquement la beauté du présent : « Nous ne pouvons pas vous pardonner de n’avoir jamais filmé des filles comme nous les aimons, des garçons comme nous les croisons tous les jours, des parents comme nous les méprisons ou admirons, des enfants comme ils nous étonnent ou nous laissent indifférents, bref, les choses telles qu’elles sont », écrivait ainsi le cinéaste, d’abord critique de cinéma, dans la revue "Arts", en 1959. Le beau texte de Jean Collet, que nous avons souhaité republier pour lui rendre hommage, fait état de cette aspiration au vrai, à la méditation sociale et existentielle, combinée à un constant goût expérimental de la recherche. Se replonger dans les films de Jean-Luc Godard, c’est renouer avec une œuvre à l’éternelle jeunesse, s’ouvrir à la nouveauté, sortir de son confort de spectateur pour mieux rêver et penser.