A propos de "Cet Eté-là", entretien avec Eric Lartigau
Bulletin : L' Avant-scène cinéma. Cinéma janvier 2023
01 janvier 2023
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Numéros de page :
pp.98-103
Ceux qui se souvjennent de "La Famille Bélier" (ils sont nombreux, le film avait été un carton) ne peuvent que louer le savoir-faire d'Eric Lartigau, mais peut-être aussi pointer certaines facilités, le "feelgood movie" est un genre par essence trop consensuel pour satisfaire tout le monde (paradoxe). Avec "Cet été-là", c'est encore l'adolescence qui est en lumière, mais sur un ton diamétralement opposé, à travers le personnage d'une gamine saisie au moment où la grande bascule de l'adolescence se produit. L'âge de toutes les découvertes, et sinon de tous les possibles, du moins de tous les rêves, n'est pas une sinécure. Surtout quand il a lieu sur fond de dysfonctionnement familial. "Cet été-là" commence comme l'une de ces chroniques de l'adolescence que l'on voit avec plaisir avec l'idée que l'on n'en retiendra rien. Et peu à peu les enjeux se précisent, le portrait prend des teintes plus dures, le récit gagne en âpreté. Et nous prenons conscience de la justesse du trait, de la capacité de Lartigau (qui n'a plus l'âge de son héroïne) à retrouver des accents de vérité propres qui nous renvoient le cas échéant à nos propres découvertes, à nos obsessions, à nos malaises plus ou moins enfouis. C'est la découverte du corps féminin, et bien sûr du sien, de son rapport à la grossesse qui turlupine l'adolescente, mais aussi celui du sentiment amoureux et d'un certain vertige sensuel. La gamine n'a éventuellement pas toutes les clés pour remettre chaque chose à sa place. Ce déséquilibre, une certaine tentation d'idéaliser le monde est sans doute le moteur de ce film profondément émouvant qui ne se laisse pas attraper du premier coup, mais laisse des traces durables...