Noir c'est noir. A propos de "Si Beale Street pouvait parler" de Barry Jenkins
Bulletin : <>Avant-scène cinéma 659 - janvier 2019
01 janvier 2019
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pp.142-145
Ne comptez pas sur Barry Jenkins pour marcher dans les pas de Spike Lee et dénoncer de manière fracassante la condition réservée au peuple noir, en ambitionnant d'en devenir le porte-parole médiatique. Là où son tapageur aîné pratique volontiers l'escalade dans le bruit et la fureur, parfois avec succès, comme dans le récent "BlackKklansman", le réalisateur oscarisé de "Moonlight" préfère se mettre à hauteur de ses personnages pour les regarder les yeux dans les yeux. L'humanité de son cinéma passe avant tout par celle dont sont empreints ses protagonistes. Aux spectateurs de compatir et de se révolter s'ils en éprouvent le besoin. Jankins ne cherche jamais à orienter notre regard ou à manipuler nos sentiments. Il préfère nous exposer des situations. Il a trouvé en cela une source d'inspiration idéale chez l'écrivain James Baldwin, récemment célébré par le formidable documentaire de Raoul Peck, "I Am Not Your Negro" (2016). "Si Beale Street pouvait parler" s'attache à un couple ordinaire qu'une accusation de viol lancée contre l'homme va contraindre à se battre pour préserver son amour.