Lorsque "Joe Hill" remporte le Prix du Jury (présidente Michèle Morgan) au Festival de Cannes en 1971, son réalisateur, Bo Widerberg en est à sa troisième récompense sur La Croisette (Pia Degermark avait auparavant obtenu le prix d'interprétation féminine pour "Elvira Madigan", et "Adalen 31" reçu le Grand prix du Jury (président Luchino Visconti). Le cinéaste ayant par ailleurs trois de ses films ("Le Quartier du corbeau", "Adalen 31" et "La Beauté des choses") nommés pour l'Oscar élu Meilleur film en langue étrangère. Mais Bo Widerberg n'a pourtant jamais connu de grands succès publics internationaux. Le mercredi 20 octobre 1971, "Joe Hill" sort à Paris. Nombre de cinéphiles (dont une partie de la rédaction de l'"ASC", à commencer par Gérard Camy, qui coordonne ce numéro) le voient alors comme un authentique chef-d'oeuvre qui éclate d'intelligence, d'humanisme, de cohérence, de lucidité et qui dégage une immense vitalité militante et dénonciatrice. Et puis, "Joe Hill" disparaît des écrans. Il attendra 44 ans pour retrouver les salles obscures (dans des copies restaurées) grâce à la persévérance de Malavida Films. En ce début d'été 2020, on le retrouve dans le cadre d'une rétrospective des films de Bo Widerberg que Malavida organise à la suite de son extraordinaire travail de restauration (et de distribution) de l'ensemble de l'oeuvre cinématographique du cinéaste suédois, relayé par une magnifique rétrospective à l'Institut Lumière de Lyon, fin 2019. Le film est en tout cas emblématique d'un certain cinéma qui nous est cher, où l'aventure individuelle se révèle inséparable du destin collectif de tout un peuple. La lutte des classes n'existe, pour le cinéaste, qu'à travers une série de contradictions engendrées par ce va-et-vient permanent qu'elle transcende et transforme en forces vitales et créatrices. Cette démarche n'est pas sans rappeler celle d'un Ken Loach, le signataire (entre autres) de "Bread and Roses", qui sont justement les premiers mots qui s'inscrivent sur l'écran dans "Joe Hill". Et qui seront les derniers que le syndicaliste prononcera avant d'être exécuté... Sommaire. Entretien avec Bo Widerberg. Entretien avec Olivier Assayas à propos de "Joe Hill". Entretien croisé avec Jörgen Persson et Petter Davidson, les deux directeurs de la photographie de "Joe Hill". Entretien avec Marten Blomkvist, gendre et biographe de Bo Widerberg. Bo Widerberg, une oeuvre humaniste, engagée, lucide. Sur la Nouvelle Vague suédoise. Thommy Berggren : le théâtre, le cinéma et... Bo Widerberg. Sur le personnage historique de Joe Hill. L'IWW, un syndicat résolument révolutionnaire... Influences et hommages. Des chansons de lui... Des chansons sur lui... Quarante ans de bruits et de fureur : 15 films sur les tumultes sociaux et politiques aux Etats-Unis (1900-1940). Revue de presse de "Joe Hill". Filmographie de Bo Widerberg. "Joe Hill", le dvd réédité par Malavida. Le film vu par Achdé. La fiche technique de "Joe Hill". Descriptif après montage, dialogues français et originaux, traductions françaises par Victoria Fory (anglais), Malin Sterner (suédois), et René Marx (italien).