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A propos de "After blue - Paradis sale -", entretien avec Bertrand Mandico

01 février 2022
Numéros de page :
pp.94-103
Bertrand Mandico est l’un des cinéastes français les plus singuliers de sa génération, qui trace depuis plus de vingt ans une oeuvre qui ne prend jamais le cinéma pour acquis, mais comme un langage en perpétuelle mutation. Celui qui a commencé par des études d’animation à l’école des Gobelins distille depuis son premier court métrage animé, "Le Cavalier bleu", récompensé à Annecy en 1998, une partie de son esthétique : assemblage d’éléments macabres ou grotesques, univers onirique inquiétant, ton surréaliste et goût pour le bizarre, l’inattendu et une certaine forme de radicalité. Dans son oeuvre, chaque film porte en lui un monde unique, reflet ou fantasme du nôtre, mais à l’identité propre. Cela passe par le soin minutieux que le réalisateur apporte aux décors et plus généralement à la direction artistique. Chez lui, l’ambiance précède le récit, voire le conditionne, et parfois le recouvre. Ses personnages, très souvent féminins, existent en écho à l’univers qu’ils habitent. Il est régulièrement question de tournages, de comédiennes et de création, dans un cinéma qui est ouvertement méta. Le réalisateur assume également son sens de l’artifice. Une manifestation de ce que certains appellent le mauvais goût ou la provocation : fluides corporels abondants, coloscopie en direct, créatures difformes ou monstrueuses...