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Croissance des échanges et circulation de papiers en France au XVIIIe siècle

01 juillet 2020
Auteurs
Numéros de page :
pp.59-92
Les lettres de voitures constituent une des traces concrètes de l’économie des transports. Les exemplaires conservés pour l’Ancien Régime permettent de pénétrer dans cette économie complexe et méconnue des circulations marchandes. L’objet de cet article est de voir comment les lettres de voiture, qui agrègent des intérêts différents et renvoient à des usages singuliers selon les acteurs impliqués tout au long de la chaîne de transport – les marchands, les commissionnaires, les commis, les voituriers et éventuellement les usagers des services de messagerie –, contribuent à régir leurs relations. Ces acteurs, qui n’ont pas la même maîtrise de l’écrit, entretiennent des rapports différenciés avec les lettres de voitures. Pour les marchands, elles servent à définir des garanties dans le suivi des expéditions. Les commis les utilisent pour calculer et percevoir les droits exigibles sur les circulations marchandes. Aux voituriers, elles permettent d’obtenir le règlement de la prestation qu’ils ont opérée. Leur rapport à ces types d’écrits s’en trouve différent qu’il s’agisse de leur rédaction, des annotations qui y sont portées au cours du déplacement, de conservation... Une telle approche invite à ne pas considérer les lettres de voiture comme des documents isolés, mais à les resituer dans des chaînes d’écriture et dans des agencements marchands.