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Retour sur une annexion : Paris, 1860

01 juillet 2020
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Numéros de page :
pp.93-157
Cet article revient sur la question de l’annexion des communes suburbaines à Paris en 1860. Le dossier mérite d’être réouvert pour cette raison que les travaux récents sont loin d’avoir éclairé les vraies motivations de la décision finale d’annexion. C’est aussi l’occasion de reposer une autre question : celle de la politique suivie par le régime impérial pour l’intégration des nouveaux territoires. La première intention du préfet Haussmann était une annexion réduite aux communes de l’ouest pour parfaire son dessein de créer là une ville réservée à la population riche. Les autres communes du pourtour étaient à ses yeux trop mal bâties et trop mal peuplées pour être annexées, sources aussi de lourdes dépenses pour leur équipement. L’annexion de tout le pourtour, finalement décidée, ne s’explique pas pour des raisons financières ou sécuritaires, mais par le souci du régime de maîtriser la croissance des territoires périphériques et de réorienter leur peuplement. Il n’est pas juste de dire que ces territoires furent dans les années 1860 abandonnés ou même négligés. Des sommes très importantes furent consacrées aux équipements dans les domaines de l’assistance ou de l’eau, mais avec ses points faibles comme l’école. L’extension à la périphérie des services publics confiés à de grands monopoles fut réalisée, mais avec les limites inhérentes à ce système, ce qui conduisit dans le cas des marchés alimentaires à un véritable fiasco. La relative modestie des opérations de voirie en zone annexée s’explique par la conscience des difficultés à attirer là une construction à destination de la bourgeoisie. L’Empire imprima un nouveau cours à la ville qui s’imposa à la République : celle-ci soit reprit la politique entamée par l’Empire, pour la parfaire, soit dut s’atteler à en corriger les errances.