S’appuyant sur l’analyse de quelque 250 textes concernant le cri public dans les rues de Paris et enregistrés dans les "Livres de Couleur" du Châtelet, l’étude se propose de mettre en lumière les aspects spatiaux de ce rituel du pouvoir. Passant en revue d’abord les différents éléments du rituel et les modalités de sa mise en écrit, l’analyse se focalise avant tout sur les lieux du cri et les parcours du crieur. Cachés généralement derrière la désignation générique des « lieux accoutumés à faire cris et publications », ces éléments spatiaux sont pourtant présents dans quelques clauses exécutoires et mentions du déroulement de la publication. Loin d’être uniforme ou de suivre une coutume immuable, le parcours du cri semble varier selon la thématique de la publication mais aussi selon le « bricolage » du crieur. Cet officier est apparemment responsable du bon déroulement du rituel et également de sa mise en écrit. Le terme « lieux accoutumés », si fréquent dans les textes, a pour fonction d’assurer la validité du rituel, mais il recouvre en même temps une pluralité de déplacements. Le rituel du cri est un événement familier qui assure finalement la présence quotidienne du roi dans la ville.