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Sur qui taper ?

01 novembre 2020
Auteurs
Numéros de page :
pp.124-129
En cette fin 2020, une question traverse les esprits français: sur qui taper ? Certes, cette interrogation a l'air rustique, voire brutale, et n'a rien d'une élégante problématique de think tank. Mais si ce que nous voyons est vrai, c'est-à-dire la guerre de tous contre tous, l'absence de respect pour l'adversaire, la violence comme solution, l'interruption indignée comme méthode normale de discussion, les pleurnicheries comme arguments, l'accusation comme préalable à la communication, la haine qui ne se justifie ni ne s'excuse, l'absence d'esprit et de capacité d'arbitrage, la spirale de la dévaluation des prestiges, la trouille de l'explosion sociale, la foire d'empoigne des médias, les grèves pour rien, les dérapages déontologiques tous azimuts, l'esprit de mépris qui rend l'esprit d'examen impossible, l' oblitération de la sympathie par esprit de système, le côté bête blessée et acculée de quantité de minorités sociales, sexuelles ou ethniques réchauffées dans une adversité imaginaire, les colères enfantines prises pour des raisons, la frustration devenue synonyme d'injustice insupportable, les responsables peureux et les irresponsables enhardis, l'étudiant qui milite avant d'apprendre et le professeur qui s'excuse avant d'enseigner, bref, si l'on égrène toutes les raisons actives et passives pour que la violence se déchaîne, on a un peu l'impression que ce pays est un chaudron public composé de petits morceaux de différentes modalités de haines, qui menacent et sont menacés, qui ont peur et font peur.