"Les Voleurs de chevaux", Lisa Takeba et Yerlan Nurmukhambetov. Les choses qu'on prend, les choses qu'on laisse
Bulletin : Positif 718 - décembre 2020
01 décembre 2020
Auteurs
Numéros de page :
pp.42-43
Le western classique partage avec la tragédie antique l'expression de thèmes universels (le mal, le chaos, la loi, la réparation, le sacrifice) stylisés, sur fond de justice immanente, de relation ambiguë à l'héroïsme et d'accès au vrai. Les deux genres condensent en une galerie de personnages des plus réduites ces grandes interrogations sur la place et la destinée de l'homme, que viennent travailler des pulsions destructrices ou sublimes. S'il existe un apaisement, il est souvent précaire et lourd de conflits potentiels, prélude à un cycle nouveau de sang et de représailles. "Les Voleurs de chevaux", qui déporte la geste des westerns hollywoodiens dans les contreforts du Tian Shan, chaîne de montagnes du Kazakhstan, où l'éleveur implanté dans ces paysages à l'horizon infini succède au rancher du Missouri ou du Colorado, est une épure dont la durée minimale cristallise les enjeux de la filiation, de la collectivité et du retour providentiel, avec une mémorable intensité.