Mobilités, accueil et hiérarchies sociales dans l'Occident romain tardo-antique, IVe-VIe siècles
Bulletin : Revue historique janvier 2021
01 janvier 2021
Auteurs
Numéros de page :
pp.159-183
Aux périodes classique et tardive, le monde romain connaît des formes d’accueil variées (hospitalité privée et publique, prise en charge par les communautés politiques ou religieuses, accueil mercantile…), bien implantées en ville comme le long des routes ; mais tous les lieux et modalités d’accueil étaient-ils identiquement accessibles aux voyageurs ? A la période classique, le statut social déterminait directement leur capacité à avoir recours à ces différentes formes d’accueil, même si les normes pouvaient être contredites par les pratiques : les comportements attendus des élites étaient ainsi particulièrement contraints, leur fermant en théorie la porte des auberges tout en exigeant d’eux qu’ils disposent d’un réseau d’hospitalité étendu. Cet article envisagera la manière dont cette répartition sociale de l’accueil se recompose à l’époque tardo-antique, notamment à partir du moment où le christianisme devient la religion officielle de l’Empire romain d’Occident et où l’accueil de l’autre est érigé en règle universelle. L’évolution, réelle ou apparente, des mentalités ne s’accompagne pas forcément de réels changements dans les pratiques. Le cas d’étude des évêques montre notamment combien les paradoxes affleurent entre ces exigences nouvelles de la morale chrétienne et le maintien des cadres traditionnels de la société romaine. Le temps long constitue ainsi un cadre particulièrement fructueux pour une approche sociale de l’accueil et des mobilités dans l’Occident romain antique.