Milos Forman
Bulletin : Positif février 2021
01 février 2021
Numéros de page :
pp.30-37
L'oeuvre tchèque de Milos Forman forme un corpus dont on ne cesse de redécouvrir les finesses et richesses. En mars 1997, Sylvie Rollet relevait ici même (n.433) la constante mise à distance des personnages opérée par une caméra ironique. En juillet-août 2016 (n.665-666), Eric Derobert percevait dans la série de comédies une contre-propagande sciemment laide et graveleuse, avant qu'en décembre 2018 (n.694) Yannick Lemarié ne mette en exergue leur teneur révolutionnaire. La ressortie des quatre films chez Carlotta dans un coffret Bluray inédit et... l'humeur maussade des derniers mois incitent à compléter ces points de vue par une lecture plus intime des désarrois qui traversent "L'Audition", "L'As de pique" (1964), "Les Amours d'une blonde" (1965) et "Au feu, les pompiers" (1967). Oublions donc un instant les flonflons des fanfares et les éclats de rire moqueurs... Car ce qui perce aussi ces giboulées d'images moroses, c'est une attention rare aux riens qui meurtrissent la vie, aux hésitations et découragements, aux ébauches de réconfort.