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"Prendre garde". Les acteurs de la surveillance politique sous le règne d'Henri IV, vers 1598-1610

01 avril 2021
Numéros de page :
pp.323-363
Au lendemain des guerres de Religion, de nombreux opposants à Henri IV choisissent l’exil. Protégés par l’Espagne et la Savoie, ils complotent contre le Bourbon et gardent des complicités en France. Cet article étudie les dispositifs de surveillance mis en place par la monarchie française pour faire face à ce défi sécuritaire. Si le personnel diplomatique est fortement impliqué dans la surveillance des exilés, la mobilité transnationale des comploteurs implique également de mettre à contribution le personnel judiciaire et administratif des provinces frontalières. Les partages d’informations entre différentes ambassades ou entre diplomates et officiers provinciaux donnent à ce système de surveillance une dimension transnationale et polycentrique, même si le gouvernement royal joue un important rôle de redistribution des informations. À un niveau inférieur, un rôle essentiel est joué par une foule d’acteurs de première main de la surveillance : exilés retournés, espions infiltrés, dénonciateurs plus ou moins désintéressés. Les suspects eux-mêmes tentent par diverses manières d’infléchir la surveillance dont ils font l’objet. Ainsi, ce système, marqué par ses incertitudes et ses fragilités, ne donne pas tant à voir le fonctionnement d’un appareil d’Etat que les interactions permanentes entre des agents d’Etat et de multiples forces sociales.