Investir la ville. Les stratégies patrimoniales des élites urbaines laïques d4Italie centrale, XIe-XIIIe siècle
Bulletin : Revue historique octobre 2021
01 octobre 2021
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Numéros de page :
pp.867-897
Les stratégies patrimoniales et les investissements que réalisent les grands propriétaires laïcs dans les villes italiennes des XIe-XIIIe siècles n’ont pas encore fait l’objet d’études détaillées et précises, l’état actuel des archives orientant plutôt le chercheur vers les patrimoines et les stratégies des institutions ecclésiastiques. Pourtant, quelques parchemins de Viterbe, qui peuvent être mis en parallèle avec des documents d’autres villes d’Italie centrale, offrent l’opportunité de dresser un portrait assez précis de la morphologie du patrimoine urbain des élites, dont le profil évolue par ailleurs au cours de la période considérée. La documentation permet également d’évaluer la rentabilité des différents types d’investissements urbains et met en lumière la faible rentabilité économique des maisons dont l’usufruit était concédé à des tenanciers. Ce type d’investissement servait avant tout à constituer au sein des quartiers des clientèles à même de soutenir le grand propriétaire en cas de faide ou dans le cadre de votes à l’assemblée populaire. Enfin, le tènement familial représentait à la fois l’épicentre du patrimoine urbain, un objet d’investissement massif et un outil qui permettait d’afficher la puissance du propriétaire et de conforter son emprise sur ses voisins et ses clients. Ces stratégies d’investissements, qui incluent la pratique du prêt, contribuèrent ainsi à transformer l’économie, la société et le fonctionnement politique des villes d’Italie et marquèrent leur évolution. Elles permettent donc de mieux comprendre une période de transition au cours de laquelle, dans les villes, les structures sociales et politiques de matrice carolingienne laissent progressivement place aux institutions communales.