Kira Kovalenko, "Les Poings desserrés"
Bulletin : Positif 733
01 mars 2022
Numéros de page :
pp.8-13
Ada, l'héroïne des "Poings desserrés", vit un quasi-esclavage domestique dans une cité minière déglinguée de l'Ossétie du Nord, enclavée entre deux montagnes pelées et poussiéreuses. Ses deux seuls horizons sont une barre HLM, contre les murs de laquelle de jeunes désoeuvrés tirent à balles réelles ou lancent des pétards - élargissant le champ de leurs loisirs à des rodéos automobiles -, et une minuscule échoppe de quartier, où vient régulièrement lui conter fleurette le jeune Tamik, qu'elle rejette avec constance. A la maison, l'attendent un père tyrannique, diminué par l'âge, et un frère immature, Dakko, aux tendances incestueuses ignorant qu'il existe quelque chose appelé surmoi. Comme dans une pièce de Jean-Luc Lagarce, Ada attend, telle messie, l'arrivée du grand frère Akim, qui a fui cet anus mundi pour mener à Beslan une vie autonome, chimère ultime pour Ada. Mais le bus quotidien s'arrête sans que jamais n'en descende le sauveur espéré. Sommaire. Le fond de l'air est rage. Entretien avec Kira Kovalenko : "Je ne peux pas parler de personnages pour lesquels je n'ai pas de compassion".