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L’Usage calculé d’une rhétorique de la féminité dans la correspondance de Catherine de Médicis

01 avril 2022
Numéros de page :
pp.301-318
Catherine de Médicis écrit régulièrement à sa belle-sœur ou à ses filles mariées à des princes européens, aux princesses des autres maisons régnantes du continent ainsi qu’aux grandes aristocrates françaises ; elle aborde dans ces lettres, et parfois dans celles qu’elle adresse aux époux de toutes ces femmes, des thèmes « féminins », tels que la santé, la maternité, les enfants, etc. Faut-il dès lors en conclure à une écriture féminine de la reine mère ? Cet article propose à la place de réfléchir à la manière dont la reine mère ou ceux qui participent à l’élaboration de sa correspondance mobilisent sa féminité en fonction des objectifs que ses lettres doivent atteindre. En d’autres termes, plutôt que de partir de l’idée que Catherine de Médicis écrit comme une femme parce qu’elle est une femme, l’hypothèse sur laquelle se fonde cet article est que c’est un des possibles auquel son sexe lui permet de recourir. Dans le cadre précis de son écriture épistolaire, cela revient à analyser ce que le fait d’être une femme l’autorise à faire, d’envisager, en d’autres termes, son 'agency', c’est-à-dire sa capacité particulière à agir sur le monde. Ainsi, en jouant sur les catégories, en les manipulant ou en les adoptant, la reine-mère construit un champ des possibles le plus large possible et renforce l’efficacité de la communication monarchique, sa correspondance étant une correspondance officielle et ses lettres accompagnant presque systématiquement celles du roi.