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Conquête spatiale. Jusqu'où aller ?

Bulletin : Projet 387
01 avril 2022
Numéros de page :
p.19
L’espace extra-atmosphérique n’a pas fini de nourrir les appétences humaines. Les conquêtes engagées ou espérées semblent s’aligner sur les prédictions fictives d’un Jules Verne ou d’un Isaac Asimov. A quelque 1,5 million de kilomètres de son berceau terrestre, le télescope James Webb, lancé le 25 décembre dernier, a décroché sa première étoile. D’aucuns piaffent de le voir débusquer une exoplanète qui révélerait une présence autre qu’humaine dans l’Univers. Les ambitions côtoient parfois les catastrophes. Comme ce jour de janvier 2022 où des morceaux de l’ancien satellite soviétique Kosmos-1408 ont frôlé d’à peine 15 mètres le satellite chinois Tsinghua. L’épisode a fait craindre pour la Station spatiale internationale (ISS), dont le démantèlement est d’ailleurs prévu à l’horizon 2031. L’échéance signera-t-elle le déclin des Etats dans ces hautes sphères où la guerre froide n’a jamais complètement cessé ? Au profit des milliardaires américains du New Space déjà dans la course ? Ou d’une Chine toujours plus convaincue de son rang d’Empire du Milieu ? Et pour quel coût financier, géopolitique, scientifique et environnemental ? Toutes ces questions propulsent pour la première fois la "Revue Projet" dans l’espace. Et plus précisément dans une histoire où l’éternel retour du même se niche au sein d’évolutions permanentes. Car l’espace est d’abord le théâtre d’une humanité en quête d’elle-même dans son propre dépassement, nous rappellent Alain Dupas et Charles Chatelin. L’observation du ciel a forgé la rationalité technologique et, avec elle, une volonté de puissance "virile" et jamais rassasiée. L’histoire se devait de rendre justice aux femmes de leur participation clé à l’aventure spatiale, comme s’y emploie Laurène Delsupexhe. Or se souvient-on que lors de la mission américano-soviétique Apollo-Soyouz de 1975, un système d’amarrage "hermaphrodite" des deux modules a dû être mis au point pour ménager les susceptibilités des Supergrands ? Né dans le giron militaire et la logique de dissuasion, la course physique aux étoiles racontée par Philippe Varnoteaux a su s’en tenir à des fins pacifiques tout en marquant les hégémonies. La fin de la guerre froide n’a pas fait disparaître les rêves de grandeur, analyse Philippe Coué, alors que la Chine réclame son dû à l’empire des astres. La partie de billard céleste se jouera-t-elle désormais à trois ? Le jeu se complique, détaille Xavier Pasco, depuis que les Etats-Unis (mais pas seulement) ont ouvert la voie aux acteurs privés du New Space, susceptibles d’acheter des planètes, des orbites et des ressources comme on s’offre ici-bas des villégiatures. La fuite en avant à l’assaut d’une planète B pourrait devenir réalité, s’alarme Jacques Arnould. Son prix serait lourd, alors que les débris spatiaux recensés par Christophe Bonnal inondent le ciel étoilé, ce patrimoine commun que l’Observatoire astronomique du Vatican appelle à préserver. A force, préviennent Franck Selsis et Roland Lehoucq, nos efforts déployés pour découvrir une vie extraterrestre, toujours devancés par nos fantasmes, risquent de se heurter à nos errements. Et nous laisser à notre errance cosmique. Sommaire. Cosmique blues. Une autre histoire de l’humanité. Une affaire de femmes. Guerre froide, acte II ? Un dragon dans les étoiles. Débris spatiaux : Augias là-haut. New Space : les nouveaux conquérants. Planète B, attention danger ! Vie extraterrestre : la planète des songes. La vigie cosmique du Vatican. Babel spatiale : quatre points saillants. Dossier. Quelques données chiffrées. Sur le site Cairn : utiliser la navigation article par article pour consulter l'intégralité du dossier.