Un Opéra américain
Bulletin : Europe 1117
01 mai 2022
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Numéros de page :
pp.329-331
On se rappelle la boutade de Stendhal qui disait ne pas vouloir vivre à New York, parce qu'il n'y avait pas d'Opéra dans cette ville. Depuis, New York est devenu un haut lieu de la création musicale, et ses salles prestigieuses sont parmi les premières du monde. Cependant, si l'on s'interroge sur la réception des oeuvres d'Outre-Atlantique, on constate que le grand public français de nos jours connaît mal l'opéra américain, et le ramène parfois à la comédie musicale. Cette réception cependant s'est élargie depuis quelques années : "Nixon in China", "Einstein on the Beach" ont obtenu un franc succès à Paris. Dans un ouvrage tout récent, "L'autre XXe siècle", Karol Beffa consacre un beau chapitre à John Adams, à son opéra "The Death of Klinghoffer", à l'Ecole américaine, à sa spécificité et à son universalité. Ces compositeurs qui connaissent bien la musique européenne, qui ont été marqués par Debussy, Ravel, Messiaen, sont légitimement heureux d'être, tel John Adams, "baignés de culture américaine". Leur originalité provient d'une certaine distance qu'ils ont su garder par rapport à l'avant-gardisme européen. "Cette musique américaine sonne iconoclaste aux oreilles des modernistes européens. Célébrant la consonance et magnifiant la pulsation, elle ne peut que susciter leur dédain", écrit Karol Beffa.