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Douglas Sirk : obsessions magnifiques

Bulletin : Positif 739
01 septembre 2022
Auteurs
Numéros de page :
pp.90-101, 103-114, 116-127
Les rétrospectives du festival de Locarno et de la Cinémathèque française (jusqu'au 26 octobre 2022), l'ouvrage magistral de Bernard Eisenschitz "Douglas Sirk", né Detlef Sierck sont autant d'excellentes raisons de revenir sur un cinéaste admiré de longue date des cinéphiles en général et de "Positif" en particulier. Si cette reconnaissance s'est épanouie alors que Sirk s'était définitivement éloigné des studios hollywoodiens, elle a permis au cinéaste de s'exprimer longuement sur son art, sa conception de la mise en scène, sa formation théâtrale, les différences entre le cinéma et la littérature, dont il s'est nourri toute sa vie, et qui a nourri ses films, de façon ostensible ou clandestine. Faisant suite au travail fondateur de Jon Halliday, les entretiens avec Sirk se sont multipliés dans les dernières années de sa vie, mettant l'oeuvre et certains aspects de la biographie en lumière, en occultant d'autres, par omission involontaire ou délibérée. On mesure mieux aujourd'hui la singularité de la situation vécue par Sierck (de son vrai nom) en Allemagne nazie et la part d'autobiographie qui irrigue "Le Temps d'aimer et le temps de mourir". On a fait justice de la légende des parents danois, roman familial au sens de Freud et habile mise à distance de cette même période allemande. Établir ces vérités factuelles n'a fait qu'accentuer la complexité d'une oeuvre fascinante. Si les grands mélodrames Universal en constituent la part la plus visible, on s'est attaché à en éclairer aussi quelques aspects moins familiers, comme la période allemande et les débuts hollywoodiens, avec ses films noirs et ses comédies qui flirtent avec le musical. On a enfin évoqué, par le biais de François Ozon, la constance de l'admiration que ses pairs vouent à Douglas Sirk. Sommaire. "Les hommes n'apprennent rien des leçons de l'Histoire", entretien avec Douglas Sirk par James Harvey. Entre Douglas Sirk et moi... par YannTobin. Sirk via Fassbinder, par François Ozon. "Une poignée de diamants", les acteurs de Douglas Sirk. Eloge du coloris. L'illusion du bonheur. Décors de l'"American home" selon Douglas Sirk. La boue et l'or fin. Origines littéraires des films de Douglas Sirk. Detlef avant Sirk. Soupçons de noir, Sirk et le film criminel à la fin des années 1940. Une petite histoire comique de l'Amérique. La vérité, l'âpre vérité.