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Ukraine. "La prochaine fois, apportez-nous du gaz et la paix"

01 juillet 2023
Numéros de page :
pp.128-133
On ne s'aventure pas dans un pays en guerre par voyeurisme, par caprice, mais par nécessité intérieure. Une nécessité impérieuse qui fait fi de toute considération raisonnable et emporte tout. Une nécessité qui peut se concrétiser dans une démarche professionnelle - journalisme, humanitaire, diplomatie... Dès lors, n'importe plus qu'une chose : se rendre sur place et faire ce qui doit être fait. En décembre 2021, j'ai annoncé à mon employeur que j'aurais besoin d'ici peu d'un congé sabbatique pour rejoindre les troupes ukrainiennes. J'étais intimement convaincu que la guerre était imminente. En mars 2022, j'ai entamé les démarches administratives pour. J'y ai renoncé lorsque j'ai réalisé que ma famille perdrait sa couverture médicale ; je ne pus m'y résoudre en raison de l'un de mes enfants qui est malade. Je ne suis ni journaliste, ni au service d'une organisation humanitaire, ni diplomate. Je ne suis qu'éditeur, poète, romancier. En mai 2021, le dernier numéro de ma revue, "NUNC", a publié un dossier consacré à l'Ukraine que nous préparions depuis deux ans. Mon intérêt pour ce pays ne date donc pas du 24 février 2022... Je m'y étais rendu en février 2020 afin de rencontrer écrivains, artistes et hommes politiques dont Viktor Iouchtchenko. Au cours de l'été 2022, j'y suis retourné pour aller à la rencontre d'intellectuels, de créateurs, d'acteurs culturels, etc., afin de témoigner et rendre compte de la permanence de la vie culturelle dans un pays en guerre. Du journalisme, en somme. Cela pendant trois semaines, à l'exception d'une journée passée à quatre ou cinq kilomètres du front, à l'est de Kharkiv, dans un village détruit et abandonné appelé Korobochkyné. Y vivent encore quelques dizaines de personnes que des bénévoles, mon fixeur et moi-même sommes allés ravitailler - mais pas seulement...