Nous traversons une étrange période, dont nous avons cru qu'il ne s'agirait d'abord que d'une saison ou d'une année, avant de constater tristement qu'il faudrait doubler nos décomptes ; une période dont nous voudrions penser que la médecine finira par triompher, sans pouvoir complètement nous affranchir de la crainte qu'elle ne révèle une nouvelle condition de l'Humanité. Aussi faudrait-il plutôt dire une époque plutôt qu'une période : "couronnée", c'est le cas de le dire, par les trois pointes des crises écologique, sanitaire et sociale ; une époque donc où l'impasse d'un capitalisme mondialisé est de moins en moins dissimulable. Il est connu que les siècles font des naissances tardives : c'est en 1820 que la Restauration tourna complètement la page de la tempête révolutionnaire et de ses conséquences napoléoniennes ; c'est, selon les éclairages, avant ou après la Première Guerre mondiale que le XXe siècle surgit des tranchées, avec une grippe espagnole en guise de deuxième lame chargée d'achever ceux qui avaient survécu, Apollinaire en premier lieu. 2020 fut-il le portique d'une ère sinistre ?