Se retrouver derrière les barreaux est une conflagration, un séisme total. Certains y laissent à jamais leur force, leur gaieté, leur vie. D’autres échappent à cette brutale corrosion de l’être. Dos aux murs, aux quatre murs de leur cellule, des âmes incomparables se forgent un art de vivre par temps de catastrophe. La clé de leur résilience carcérale ? Pousser plus loin la connaissance de soi, des autres, la plume, pour repousser la fatigue de vivre enfermé, sublimer l’inconcevable pour ne pas y succomber. Créer, ne sachant pas crier leur désespoir au monde qui les ignore. À ces prisonniers-là, 30 rédacteurs ont consacré une nouvelle biographique. Socrate, Vercingétorix, Jeanne d’Arc, Villon, Cervantes, Napoléon, Chénier, Louise Michel, Wilde, Rimbaud, Verlaine, Dreyfus, Soljenitsyne, Turing et bien d’autres. Tous furent, à leur manière, privés de liberté, mais pas de génie. La prison catalyse leur destin. Cervantes, Soljenitsyne et Dostoïevski y entrent en simples captifs pour en sortir écrivains. Par une dissociation miraculeuse, ils se sont mentalement désenclavés, décloisonnés. Ils ont combattu la servitude en empruntant les sentiers invisibles de la liberté. Ils ont trouvé un champ infini au cœur de l’impossible.