Aller au contenu principal

Les |Forêts et le climat

01 juillet 2024
Numéros de page :
pp.3-4
La France se targue d’avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre, ces cinq dernières années, grâce, en partie, à la baisse de l’activité économique. Elle se rapproche ainsi des objectifs de sa deuxième Stratégie nationale bas-carbone (SNBC). Mais elle ne les atteint pas complètement, du fait notamment de la dégradation des puits de carbone que constituent les champs et les forêts, dont la capacité de séquestrer le carbone s’érode avec l’évolution climatique. Le réchauffement climatique a atteint un rythme sans précédent de + 0,26 °C sur la décennie 2014-2023, atteignant + 1,19 °C comparativement à l’ère préindustrielle, selon les experts de Earth Science Data Systems, qui estiment que l’on pourrait dépasser le cap de + 1,5 °C (limite fixée par l’accord de Paris en 2015) d’ici 10 ans. Que savons-nous donc de la capacité des arbres à s’adapter au rythme du changement climatique ? Antoine Kremer, s’appuyant sur le cas des chênes tempérés, depuis l’ère tertiaire, montre qu’un nombre restreint d’espèces ont disparu, que les autres ont « migré » et, en se renouvelant naturellement, ont amélioré leur résilience, voire, en s’hybridant au contact d’autres espèces, acquis de nouvelles capacités d’adaptation. Mais il souligne que ces évolutions s’opèrent à un rythme trop lent au regard du changement climatique en cours. Une intervention humaine est-elle alors capable, et comment, de stimuler ces processus adaptatifs ? Oui, répond l’auteur : au travers de la migration « assistée », d’un renouvellement plus rapide des chênaies et en veillant à la diversité des espèces — autant de clefs que révèlent les progrès en génétique et biologie évolutive. Ces mesures permettront-elles d’épargner nos forêts, voire à la France et à l’Europe d’être autosuffisants en bois ? Ce n’est pas le cas aujourd’hui puisque les Européens participent, au-delà de leurs frontières, au processus de déforestation alors même que les forêts abritent 80 % de la biodiversité terrestre mondiale, dont les deux tiers dans les forêts tropicales. Alain Karsenty en explique les raisons, qui ne sont pas toutes imputables au commerce mondial et à la « déforestation importée » — celle-ci étant à l’origine de tensions internationales, voire de controverses, au Nord comme au Sud, sur la nature des certifications et des mesures, éventuellement discriminatoires, envisagées notamment par l’Union européenne. Sommaire. Editorial : Forêts, société, Europe. La déforestation et le commerce international : la déforestation, source de controverses diplomatiques. Evolution biologique des arbres et évolution climatique. Dossier. Sur le site Cairn : utiliser la navigation article par article pour consulter l'intégralité du dossier.