Europe naïve ? Europe puissance ?
Bulletin : Futuribles juillet août 2024
01 juillet 2024
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pp.97-104
À l’heure où paraît ce numéro, les élections européennes sont terminées. Nous ne reviendrons pas ici sur leurs résultats, déjà amplement commentés par ailleurs, ni sur le jeu des coalitions qui, comme l’a bien souligné Jean-François Drevet dans sa précédente chronique, sera déterminant dans la composition du Parlement européen. Or, au cours des cinq ans à venir, eu égard à ses pouvoirs désormais importants, ce nouveau Parlement sera amené à prendre position sur l’avenir d’une Union à laquelle beaucoup reprochent d’avoir été excessivement naïve, faute d’avoir pris conscience plus rapidement du bouleversement de la scène géopolitique mondiale et de l’âpre compétition économique existant entre grandes régions. Face à cette nouvelle donne, plusieurs acteurs majeurs n’ont pas manqué de souligner, récemment, la nécessité pour l’Union européenne de se ressaisir, de changer de cap. Ainsi en est-il d’Enrico Letta, dont le rapport publié en avril est analysé dans ces colonnes par Pierre Papon, mais aussi de Mario Draghi affirmant qu’un « changement radical est nécessaire », ou encore d’Emmanuel Macron qui, s’inspirant sans doute de Paul Valéry (« Nous autres, civilisations, nous sommes mortelles », 1919), plaidait dans un discours à La Sorbonne, à Paris, le 25 avril 2024, pour une « Europe puissance ». Dans ce « forum » destiné à nourrir le débat sur les ambitions européennes, nous publions deux points de vue : celui de Jean Marsia qui, pour rétablir la paix en Europe, milite clairement en faveur d’une Europe fédérale ; et celui exprimé par Mario Draghi dans son discours à la Conférence de haut niveau sur le pilier européen des droits sociaux, à Bruxelles, le 16 avril 2024. Reconnaissons que ce forum ne comporte guère de propos contradictoires ; ceux-là sont toutefois bienvenus, éventuellement dans un prochain numéro.