Nous avions déjà publié James E. Gunn il y a plusieurs années, avec ses romans  Les Magiciens et Le Pont sur les étoiles.  Petit maître très apprécié du lectorat de science-fiction, nous avions à cœur de faire mieux connaître son œuvre en France et avions convenu avec lui, avant sa mort en 2020, plusieurs contrats pour certains de ses romans.Parmi ceux-là, Les Bienfaiteurs (The Joy Makers). Jamais traduit en français, ce roman nous a époustouflés par son récit. Partant d'une idée simple – une entreprise propose à qui le veut le bonheur garanti en échange de toutes ses possessions –, James E. Gunn imagine un récit, étalé sur plusieurs siècles, dans lequel le bonheur devient une véritable religion mondiale, une secte. Jusqu'à un final vertigineux, que ne renierait pas Philip K. Dick, préfigurant 50 plus tôt les questions posées par les films Matrix.D'une terrible actualité, avec sa quête d'un bonheur devenu presque vide de sens, son entreprise qui s'imisce jusque dans les replis les plus intimes des gens et ses applications de l'intelligence artificielle et de la réalité virtuelle, Les Bienfaiteurs est une dystopie majeure, qui se hisse sans honte aux côtés du Meilleur des mondes, Un bonheur insoutenable et Kallocaïne.Il nous semble que la découverte d'un texte aussi frappant pourrait aisément obtenir un beau succès à l'image de celui de Kallocaïne, autre grande dystopie inédite en France redécouverte par les Moutons électriques (plus de 8000 ex vendus).