Un Champ littéraire transnational. Le cas des écrivains algériens
01 septembre 2018
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pp.12-33
Cet article explore systématiquement un aspect peu étudié de la théorie du champ : il vise à montrer, à travers le cas des écrivains algériens, la validité de la notion de champ transnational (et multilingue). Le critère principal retenu est celui de la croyance, nationale et internationale, dans l’existence de la « littérature algérienne » : les citations spontanées des écrivains en entretien permettent de dessiner les contours d’un champ littéraire national, hiérarchisé et segmenté, mais fonctionnant tout de même par-delà les frontières territoriales et linguistiques. Une Analyse des correspondances multiples permet de le confirmer, en distinguant deux capitaux littéraires, national et international (cet aspect recouvrant partiellement l’opposition entre sous-champ de langue française et sous-champ de langue arabe). L’article discute ensuite le modèle proposé par Pascale Casanova, liant pôle international et autonomie d’une part, pôle national et hétéronomie d’autre part. En se centrant sur la période de création des littératures nationales, elle néglige la période postcoloniale où se constituent bon an mal an des espaces d’autonomie au niveau national. La période de la guerre civile des années 1990 est une période de forte régression de l’autonomie du champ, et ce même au niveau international, qui est comme « nationalisé » : non seulement les enjeux politiques nationaux y sont transférés, mais encore, deuxième aspect négligé par Casanova, la littérature y est soumise à une hétéronomie économique croissante. Pour autant cet espace transnational est resté relativement autonome, un champ transnational, dans la mesure où c’est toujours en fonction de cette caractéristique que la guerre civile a été réfractée.