Montreuil, ″le 21e arrondissement de Paris″ ?
01 décembre 2012
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26 p. / p. 12-37
Depuis les années 1970, dans les grandes agglomérations, les anciens quartiers populaires de centre-ville sont transformés par l'arrivée de jeunes ménages des franges supérieures des classes moyennes qui les réhabilitent, au propre comme au figuré. La diffusion plus récente de ce phénomène de gentrification à la petite couronne parisienne met en lumière l'ampleur et les enjeux du travail mené par ces gentrifieurs : arrivés là par contrainte financière, ils travaillent le quartier dans toutes ses dimensions - matérielle, sociale, symbolique - pour en effacer autant que possible le caractère banlieusard et le doter des attributs des quartiers anciens de centre-ville - densité, mixité, ancienneté, centralité. L'enjeu de cette lutte est de déplacer la frontière entre quartiers désirables et quartiers repoussoirs, au regard des goûts et des normes des « nouvelles classes moyennes », et ainsi de rétablir une trajectoire résidentielle déclassante. L'analyse minutieuse des mobilisations des gentrifieurs du Bas Montreuil dans les années 1990 et 2000 révèle ainsi les mécanismes concrets de l'appropriation de l'espace et l'importance des enjeux du classement socio-résidentiel.