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La Musique "répétitive"

01 mars 2015
Numéros de page :
10 p. / p. 90-99
La musique dite « répétitive » (dont les représentants les plus célèbres sont Terry Riley, Steve Reich, Philip Glass, John Adams et Laurie Anderson) est-elle un exemple de révolution conservatrice dans le monde musical ? Ce courant, qui émerge aux Etats-Unis à partir des années 1960, est en effet considéré comme « moderne » ou « d'avant-garde » alors qu'il semble pourtant marquer un retour au passé, tant au niveau des prises de position musicales (remise au goût du jour d'un style d'écriture traditionnel) qu'à celui des positions dans l'espace des compositeurs savants (renoncement à l'autonomie vis-à-vis notamment du « marché » de la musique). Pour savoir s'il s'agit bien d'une révolution conservatrice, nous rappelons tout d'abord les conditions standard de production de la musique moderne (ou d'avant-garde) aux Etats-Unis, depuis sa naissance au début du XXe siècle jusqu'aux années 1960. Nous montrons ensuite que ces conditions changent de façon remarquable pour les principaux tenants du courant répétitif. La dépendance à l'égard des institutions académiques et, surtout, des institutions commerciales devient forte alors qu'elle faisait auparavant l'objet d'un rejet par les compositeurs modernes. On pourrait ainsi considérer la musique répétitive comme une entreprise de réintégration d'une partie de la « musique nouvelle » dans l'ordre musical dominant (académique et commercial), réaction contre la modernité musicale et remise en cause de l'autonomie de la création musicale, autrement dit une révolution conservatrice dans le monde musical savant américain.