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"Le peuple veut la chute du régime"

01 mars 2016
Numéros de page :
20 p. / p. 72-91
Les occupations de la place de la Kasbah à Tunis, qui se sont déroulées dans la foulée de la fuite du président Ben Ali le 14 janvier 2011, ont débouché sur la démission du gouvernement provisoire et sur des élections pour l'Assemblée constituante. L'article se propose d'étudier l'émergence et les conditions sociales de possibilité de cette situation et de cette issue révolutionnaires, largement sous-analysées par la littérature existante. A partir d'une enquête ethnographique et de l'analyse du répertoire discursif et pratique de la mobilisation, il montre que si l'événement conduit à rompre avec les routines sociales cardinales - temporelles et spatiales - au profit d'innovations protestataires et de transformations durables des champs, il est tout autant le produit de la permanence des rapports sociaux que de leur bouleversement. La perspective adoptée permet dès lors de mieux saisir les processus de synchronisation du temps et d'unification des espaces, caractéristiques de ces moments de redéfinition des règles du jeu politique et de fluidité de la conjoncture.