Le rire, une affaire sérieuse
01 janvier 2023
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5 p. / p. 91-95 : ill. en coul.
Sur une petite île perdue au milieu de l’océan, un homme avec une longue barbe blanche agite désespérément les bras en direction d’un bateau. Un passager demande au capitaine :
– Qui est-ce ?
– Aucune idée. On passe tous les ans devant son île et à chaque fois ça le rend fou !
À la fin de cette histoire, vous avez peut-être eu une expression faciale particulière, émis un enchaînement d’expirations courtes et saccadées avec des syllabes composées de voyelles brèves : « ha, ha, ha », « ho, ho, ho », « hi, hi, hi ». Si c’est le cas, vous avez ri. Selon Robert Provine (1943-2019), neurobiologiste américain et professeur de psychologie, l’un des premiers scientifiques à avoir étudié le rire [1] : « Le rire est un comportement programmé par nos gênes, et non par la communauté de parole dans laquelle nous avons grandi [...] Lorsque nous rions, nous émettons des sons et exprimons des émotions qui émanent de notre être biologique profond » [2].
Le rire paraît banal, et de ce fait, il a longtemps été ignoré par la science. Qu’est-ce qui se cache derrière son apparente banalité ? Quelles sont les caractéristiques principales du rire ? Que peut-il nous apprendre sur nous-mêmes et sur le monde animal ? Est-il, comme l’a dit Aristote, dans le De partibus animalium, et comme l’ont repris plus tard auteurs et philosophes, « le propre de l’Homme » ?