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Alix Garin. Corps soustrait, esprit brûlant

Bulletin : DBD octobre 2024
01 octobre 2024
Numéros de page :
pp.42-47
Au premier moment, c'est le visage qui irradie depuis les iris. Une main entrave la parole tandis qu'une autre prend la température. Mais le masque laisse le regard libre - et il foudroie. Ce visage de couverture, empêché et furieux à la fois, c'est celui d'Alix. Alix qui « a mal au sexe » quand elle a des rapports avec pénétration. Alix qui partage la vie de Lucas, qui l'aime, qui danse, qui vient d'achever sa première bande dessinée, qui vient de perdre sa grand-mère, qui consulte beaucoup, trimballée de spécialiste en spécialiste, qui se confie finalement peu. Et qui a mal - une souffrance physique et psychologique, bloquée à l'endroit même du désir. Longtemps, la flamme du bas-ventre s'est éteinte, ou bien la brûlait comme une déchirure. Alors c'est sa tête qui a pris le relais, qui s'est mise à s'embraser. Jusqu'à ce que le corps reprenne sa course, mais différemment. Jusqu'à ce que les schémas établis tremblent, puis s'en trouvent bouleversés. Alix Garin, tout en étincelles, creuse avec sincérité dans une voie déjà explorée avec "Ne m'oublie pas" (Le Lombard, 2021) où il était question de deuil et d'attachement. "Impénétrable" est aussi une oeuvre d'amour à laquelle s'ajoute la passion, c'est-à-dire l'expression de sentiments intenses. Une saisissante peinture du corps, de ses souffrances, de ses luttes, de son renouveau.