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Marc-Antoine Mathieu dans les profondeurs de l'horizon

01 juillet 2024
Numéros de page :
pp.52-59
Il y a quelques années, Marc-Antoine Mathieu avait conçu "Le Livre des livres" (Delcourt), agrégat de premières et de quatrièmes de couverture de livres potentiels d'auteurs anagrammes. Parmi eux, le tome 17 d'une "Ontologie de la bédé" interrogeait le rapport au monde de la bande dessinée et envisageait le 9e art comme, au choix, « un miroir, une éponge ou une extension du réel ». Creusant dans toutes ces questions, creusant dans son oeuvre, il ne fait aucun doute que chaque nouvelle proposition est pour lui l'occasion d'une mise en abyme. Créant, Marc-Antoine Mathieu revient à la source même de l'écriture (et donc du dessin), c'est-à-dire qu'il se munit d'une pierre pour gratter, rayer, trouer, pénétrer toujours plus profondément les strates. Si, de son aveu, l'exploration par la bande dessinée est sans fin, c'est parce qu'elle touche à l'humanité. À la Terre, à l'être humain - à tous les réseaux entre eux. Adam, au coeur de "Deep lt" (enveloppe blanche), second volet d'un diptyque entamé avec "Deep me" (enveloppe noire), n'est ainsi pas le premier homme, ni le dernier, mais il est ce qui a survécu au « grand deuil ». Il n'est pas ce qui reste, mais il est ce qui pourrait advenir. Une intelligence inconnaissable, un arpenteur de mystères.