Benoit Preteseille en pièces détachées
Bulletin : Les Arts dessinés juillet septembre 2024
01 juillet 2024
Auteurs
Numéros de page :
pp.60-65
« Il faut travailler pour soi-même. Le danger, c'est de devenir un professionnel qui resterait dans le cadre de la société. L'avenir est aux francs-tireurs, aux marges. Si aujourd'hui, les institutions artistiques veulent des objets dans un certain goût. il faut v ite faire autre chose. Essayer de créer de nouveaux mystères. » Ces ultimes phrases extraites de "Duchamp Marcel, quincaillerie" (Atrabile, 2016) manifestent, dans une mosaïque de voix, l'inclination commune de Marcel Duchamp et de Benoit Preteseille pour l'écart. De l'académisme, du conventionnel, du convenu, de l'attendu. C'est dans une marge épineuse que leur machina s'enclenche ; c'est dans cet espace libre que leur petit théâtre opère - loin. Là, l'artiste doit crier plus fort et détacher chaque forme et chaque syllabe pour bien se faire entendre. Pour les lecteurs et les spectateurs, il faut voir cette position, cette attitude que Benoît Preteseille adopte en tant qu'éditeur (il est le fondateur des éditions ION), chanteur-compositeur (nom de scène : Benoît Tranchand) et auteur de bande dessinée (vient de paraître "L'Oubliée" chez Atrabile), comme une invitation à combler la distance.