Ce que peut le théâtre. Chaque spectacle devrait aborder cette problématique - ou tout du moins permettre au spectateur de s'interroger à ce sujet. Ce serait après tout une ambition légitime pour tout spectacle de théâtre qu'on présente au public. Force est de constater qu'on est généralement loin du compte. À la fin de la saison dernière, une pièce très singulière affrontait cette question, et bien d'autres, dans un spectacle d'une évidente et regrettable actualité. C'est en effet à la place et à l'accueil de l'étranger non-européen dans notre société qu'était consacrée la pièce de Guillermo Pisani. Il fallait un auteur confirmé comme lui pour savoir traiter cette question d'une manière subtile, dans toute sa complexité. Si l'on peut dire que l'auteur a fait preuve d'à-propos dans le choix du thème, sa pièce se signale surtout par une structure d'une remarquable originalité. Car "Je suis perdu" est un triptyque, une oeuvre composée de trois petites pièces très différentes les unes des autres.