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Romantiques robots. Entretien avec Bennett Miller

01 mars 2025
Auteurs
Numéros de page :
pp.86-91
Un cinéaste de la pellicule revenant au daguerréotype : radical repli vers les ancêtres de l'image cinématographique ? Sans doute, si les photographies exposées par Bennett Miller depuis 2023 dans les galeries Gagosian (voir "Cahiers" n°800) n'étaient pas hallucinées grâce à un algorithme. Prises dans les brumes indécidables d'un noir et blanc qu'on jurerait argentique, ces images échappent au simple sentiment vintage pour s'inscrire dans une temporalité autre. Les expérimentations de l'auteur de "Truman Capote" (2005) et "Foxcatcher" (2014) sont le fruit d'une intuition qui poursuit l'artiste depuis bien avant la démocratisation de programmes comme DALL-E: l'IA pousse l'homme dans ses retranchements existentiels. Miller lui fait subir en retour le même traitement, afin de faire émerger un ensemble de situations ineffables, d'époques sans nom ni datation (pas si loin, au fond, des vrais-faux biopics qui bornent sa carrière de metteur en scène, hélas en jachère). En présentant son travail à la Galerie Paris Cinéma Club en même temps qu'une rétrospective de ses quatre longs métrages dans les salles du même réseau, il nous offrait l'occasion de tisser des liens insoupçonnés entre ses films et ce nouveau pan de son oeuvre.